Confinés avant l'heure
Célia
Depuis le vendredi 30 octobre, la France est de nouveau confinée pour raisons sanitaires : l’année 2020 aura été bien particulière. On s’en doutait tous et toutes de plus en plus, et le glas est tombé : 4 semaines de nouveau chez soi, à faire des attestations pour acheter ses carottes, à dire au revoir à la vie sociale et bonjour aux jeux-vidéos pour essayer d’amoindrir la deuxième vague de la Covid-19.
Et comme si 4 semaines ce n’était pas assez long, avant ça j’ai rajouté une semaine. Alors non, pas par plaisir, mais bien parce que j’étais cas contact.
Un soir, mon téléphone sonne et une copine m’apprend qu’elle a été testée positive. Bon, je l’avais vu quelques jours avant pour bosser dans le respect des gestes barrières, mais dans le doute je m’isole avec mon mec et je regarde la procédure à suivre dans cette situation : attendre 7 jours après le dernier contact avec la personne infectée pour se faire tester, rester isolée en attendant et être attentive aux potentiels signes d’infections. Un programme merveilleux n’est-ce-pas…
J’ai tout de suite pris rendez-vous sur Doctolib pour passer un test PCR le lundi suivant pour m’éviter la queue et j’attends que le jour J vienne. J’attends dans une chambre à manger, dormir, boire des infusions au citron, manger, dormir, me disputer avec mon mec, me réconcilier, jouer à la switch, manger et dormir. Une vie de paresseux quoi. Avec la switch en moins.
Être confinée avec quelqu’un, c’est un excellent moyen de tester vos résistances. Si l’affection que vous portez à vos partenaires de vie, familles ou colocs survit à quelques m², une pénurie de PQ (parce que contrairement aux autres, vous n’avez pas fait de stock) tout en réussissant à se dire un peu plus de choses que «ah… c’est long non ?» après deux jours, félicitations ! Vous pourrez fêter la solidité de votre relation quand vous pourrez de nouveau sortir (un jour) (peut-être).
Lundi arrive et je n’ai jamais été aussi impatiente de me faire trifouiller le naseau par un parfait inconnu. Je me dirige vers la clinique Saint-Anne à la Robertsau et magie : une petite cabane en bois que nous avions jusqu’ici l’habitude de voir au Marché de Noël de Strasbourg se trouve devant la porte d’entrée, sauf que la dame dedans ne porte pas d’accoutrement de fête et ne vend pas vraiment de bredele. Elle me reçoit à l’heure précise du rendez-vous et tout se passe en 5 minutes : elle prend mes informations, me demande quelle narine je préfère (je vous préviens à l’avance, histoire que vous ayez le temps de réfléchir avant, je ne m’étais jamais posé la question personnellement) et hop, elle enfonce une jolie tige de plusieurs centimètres dans ladite cavité. Alors non, ce n’est pas le truc le plus plaisant du monde, une impression d’avaler la tasse par le nez et qu’on te gratte la gorge alors que tu n’avais rien demandé, mais c’est rapide et tout à fait supportable. Bon, j’ai quand même lâché une petite larme mécanique à la fin, mais c’était plus pour être un peu dramatique quoi. Le théâtre avant tout.
En 24h, je reçois le mail qui m’annonce la nouvelle : je ne suis pas positive. Première fois que je suis si contente de rater un test, je fête ça en sortant faire les courses (eh oui, les temps ont bien changé) et le soir c’est raclette et jeux de société pour célébrer notre bonne santé (et surtout le fait qu’on ne se soit pas entretués). Allez, courage à vous, mangez gras, continuer de rire autant que possible et choisissez votre narine préférée. C’est toujours de bon conseil.
Nico
Colorado, vivre le confinement quand on est un chien. Tu ne peux pas parler, mais il y a fort à parier que tu devais rêver que l’on se retrouve confiné tous les trois à la maison rien que pour toi. Le confinement ce n’est pas nouveau pour toi, tu y étais déjà habitué. Comme si tu avais été confiné avant le confinement. En tant qu’humain, il m’est très dur de m’adapter aussi bien à une telle privation de liberté. Arrêter de me déplacer, mettre en pause mes relations sociales, occuper mes journées à l’intérieur et surtout ne pas craquer.
Depuis que tu nous as choisi il y a maintenant 11 ans, tu dépends de nous pour aller faire ton exercice physique ainsi que tes petites affaires. Tu as rapidement enregistré que depuis peu nous ne sortons quasiment que pour toi. Ce que tu ne sais pas c’est que je dois m’autoriser moi-même pour pouvoir sortir, te sortir. Tu me suis ? Comme si j’avais décidé de me cloîtrer à domicile. Je sais à quel point tu aimes trottiner dehors, les oreilles dans le vent à la recherche d’odeurs, d’autre toutou et d’humain à aller amadouer. Tu vois tes temps de parcours raccourcir, de nouveaux itinéraires de promenade se créer dans un rayon de 1km. Tu ne te plains pas. Tu as découvert la place de la cathédrale, la place du château et les flaques de vomis du début de la Grande-Ile. Pour moi rester dans un rayon de 1km autour de mon adresse c’est vraiment frustrant.
Ta routine de confiné est bien rodée, le matin tu te réveilles avec le premier d’entre nous. Tu reçois ta première salve de caresse et de bisous. Et hop ! C’est parti pour une nouvelle journée passée à ronger tes os, manger, te balader, jouer et surtout donner de l’amour tout ça est ancré en toi. Personnellement avec le confinement j’ai perdu mes points d’ancrage, c’est terrible.
La seule que nous ayons en commun c’est le pétage de câble. Je ne cours pas partout comme toi mais je commence à parler bizarrement et raconter n’importe quoi… Un peu comme dans le Morning de Talri…
Sisch zeruck zeije, s’isch Schissdrack