Gustave Doré au le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg
A la découverte de Gustave Doré au Musée d’Art Moderne et Contemporain
Son célèbre Christ au prétoire et ses œuvres en relation avec l’Alsace, sans oublier les gravures visibles au moment de notre visite.
Né à Strasbourg en 1832, Gustave Doré est le plus fameux illustrateur du XIXème siècle. Il fut aussi un excellent aquarelliste et un peintre qui souffrit toute sa vie du peu de cas fait de sa peinture par les critiques français de l’époque. Et pourtant, de 1849 à 1883, date de sa mort, il consacra autant, sinon plus d’énergie, à ses tableaux qu’à ses innombrables illustrations. Considérant que sa peinture était injustement traitée en France, il accepta en 1868 la proposition d’ouvrir à Londres une « Doré Gallery » où seraient exposés en permanence ses tableaux. Le chef d’oeuvre de la « Doré Gallery » était une gigantesque peinture religieuse que Doré réalisa à partir de 1867, et qu’il acheva en 1872: « Le Christ quittant le prétoire », appelé aussi: « Le Praetorium ». De 1872 à 1892, le tableau fut présenté à la « Doré Gallery » de Londres, avant d’être, de 1892 à 1898, le clou d’une très longue exposition itinérante de la « Doré Gallery » à travers les Etats-Unis, dont la première station fut le Carnegie Music Hall de New York. A l’issue de cette tournée, « Le Christ quittant le prétoire » fut renvoyé à Londres et fut stocké puis oublié… Dans les années 60, il fut redécouvert et acquis par Oscar Kline qui possédait la « Central Picture Gallery » à New York. Puis en 1984, il entra dans la collection de Georges Encil, qui le mit en dépôt dans une église néo-gothique de Vienne, la Votivkirche, avant de le céder au Musée d’Art Moderne de Strasbourg.
Cette oeuvre, d’une taille impressionnante, est tout à fait exemplaire de la peinture de Gustave Doré qui, les quinze dernières années de sa vie, multiplia les paysages et les scènes religieuses. Elle frappe d’emblée par l’ampleur de sa composition, par la vitalité émanant d’une foule grouillante et gesticulante et par l’efficacité d’une mise en scène théâtrale et dramatique. La peinture à grand spectacle qu’est « Le Christ quittant le prétoire » évoque fortement les superproductions cinématographiques. Presque hyper réaliste par la précision des détails, elle touche au sublime par sa démesure et sa force narrative. Notre vision de la peinture du XIXème siècle n’étant plus réduite aux seuls mouvements porteurs de modernité, cette toile de Gustave Doré est enfin reprise en compte par l’histoire et la critique d’art et paraît caractéristique du vaste courant éclectique qui s’est développé dans l’art de la fin du XIXème siècle.