La galère du confinement en "Cité U"

20 avril 2020

À Strasbourg, la cité universitaire Paul Appell compte 1369 chambres dont 278 avec sanitaires de 9 à 10 m² et 2 logements accessibles aux personnes à mobilité réduite. Par manque de moyens, Marie et Claire, deux étudiantes qui vivent en couple ont dû se retrancher dans l’un des appartements de la cité étudiante, elles témoignent de leur quotidien en période de confinement.

Cité Paul Appell le 20 avril 2020. D.R

Les arrangements avec le règlement

« On était à 3 jours de signer un bail pour un appartement de 55m2 à Koenigshoffen » regrette Marie. L’annonce du confinement les a prises de court. Impossible pour ces jeunes étudiantes de rentrer chez leurs parents, elles ont donc dû s’organiser, à 2 dans 9m2. « c’est interdit, je le sais, mais nous n’avons pas eu le choix ». La plupart des étudiants qui sont restés habiter dans leurs chambres de la cité Paul Appell n’ont pas pu faire autrement. « Ici, il reste surtout des étudiants étrangers et tous ceux qui n’ont pas d’autres endroits où aller. Ceux qui le pouvaient sont vite rentrés chez leurs parents » explique t-elle. D’ailleurs le CROUS a donné la possibilité aux étudiants de quitter leurs logements sans préavis, et sans avoir à payer le mois d’avril entamé.

Espaces communs à Paul Appell. D.R

En temps normal, les résidents disposent d’une cuisine commune. Mais pour éviter d’être en contact avec les autres résidents, Marie et Claire ont investi une centaine d’euros dans des plaques de cuisson et un four micro-ondes. « Ça aussi c’est interdit, on le sait … mais on reste prudente et on ne se fait qu’un gros repas par jours, c’est notre seul moyen de cuisiner un peu » explique le couple. Pour ce qui est de l’accès aux sanitaires les deux étudiantes se considèrent comme chanceuses car leur logement comprend une salle de bain « la majorité des résidents ont des douches et des toilettes communs et doivent s’organiser, nous on a vraiment de la chance d’avoir nos propres sanitaires » assurent les jeunes femmes.

La guerre des nerfs

« Le plus dur, c’est de ne pas pouvoir bouger. Le moral n’est pas au top mais on fait ce qu’on peut pour s’occuper l’esprit » confie Marie. Pour passer le temps, console de jeux, ordinateur et autre abonnement à Canal+ sont les bienvenus, mais le quotidien est vite monotone à 2 dans 9m2. « Il fait très chaud dans les chambres, on ferme les volets tous les jours vers 14H pour éviter d’avoir trop chaud, du coup on passe nos après midi dans le noir ». Pour ce qui est des sorties, les étudiants ont accès au petit parc au coeur de la cité U. « Nous on y va jamais car il y a des gens extérieurs à Paul Appell qui y vont et on ne veut pas prendre de risques » confie Marie.

Une chambre à Paul Appell. D.R

Les étudiantes se méfient car il y a deux semaines, elles ont développé des symptômes qui correspondaient à ceux du COVID-19. « Au bout de 2 jours nous avons appelé le médecin qui nous a dit que c’était sûrement le virus, mais nous n’avons pas été dépistées » résume-t-elle « c’était probablement un COVID « léger ». Après un rapide passage à la pharmacie elles se sont cloîtrées dans leur petit appartement pendant une semaine sans aucunes sorties, « c’était pénible mais ça va, l’important c’est qu’à ma connaissance, aucun autre résident n’a développé de symptômes jusqu’aujourd’hui ! » rassure Marie « Quand la directrice de la Cité U a appris qu’on avait des symptômes, elle nous a appelé pour nous rassurer et nous venir en aide ». Et pour éviter la propagation du virus dans les espaces communs, les résidents peuvent compter sur le travail du personnel de nettoyage du Paul Appell qui travaille toujours « ils font un travail remarquable » soulignent les deux jeunes femmes.

Aide alimentaire et solidarité

D.R

Les étudiants des Cités U ne roulent pas sur l’or, « on vit sur ma bourse et la paye de Claire qui est au SMIC alors ça va, mais ce n’est pas le cas de tout le monde ici » décrit l’étudiante. Pour venir en aide aux étudiants démunis, une aide alimentaire est distribuée les vendredis à ceux qui le souhaitent. Les services sociaux organisent la distribution de paniers repas et de e-cartes prépayées pour permettre aux étudiants de s’approvisionner. « On avait l’habitude de faire nos courses en Allemagne maintenant ce n’est plus possible » regrette le couple « c’est juste, mais ça passe ».

Alexandre MAHLER